Ngozi, le 1er Mai 2O16
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Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,
1. Nous commençons par rendre grâce à Dieu Tout Puissant qui Nous guide sans cesse dans l’accomplissement de nos diverses missions. Qu’Il soit loué dans toute sa Grandeur.
2. Chaque année, nous nous joignons au monde entier dans la commémoration de la journée internationale du travail et des travailleurs, célébrée le 1er Mai de tous les ans, et qui a été arrosée pour la première fois le 1er Mai 1886.
3. Dans cette commémoration, nous nous joignons à tous les travailleurs du Burundi et des autres pays, pour nous rappeler le moment où de nombreux ouvriers de l’Amérique du Nord, spécialement parmi les habitants de Chicago, ont organisé des manifestations publiques pour réclamer auprès des employeurs la réduction des heures de travail jusqu’à 8 heures par jour, car ils travaillaient des heures excessives.
4. Au nom de mon Gouvernement et en mon nom propre, Je souhaite une bonne fête à tous les travailleurs : les fonctionnaires, les travailleurs du secteur privé, les techniciens et les artisans, bref, tous ceux qui exercent une quelconque activité génératrice de revenu pour eux-mêmes et pour la vie de leurs familles, car nous sommes tous « travailleurs » ; nous avons en commun le nom et l’honneur dont Dieu nous a gratifié en faisant de nous des travailleurs.
5. Le thème de cette journée est :
« UNISSONS-NOUS, FORMONS UN BLOC IMPERTURBABLE
POUR LE DEVELOPPEMENT DE NOTRE PAYS »
Burundaises, Burundais,
Employés et Employeurs,
6. Etre appelé travailleur est un grand honneur. Mais comme l’ont si bien dit nos ancêtres, le porteur d’un beau corail ne se rend suffisamment pas compte de sa blancheur. C’est très dommage, car cet honneur, nous le remarquons le plus souvent lorsque nous ne l’avons plus.
7. Aujourd’hui donc, mettons-nous ensemble, employés et employeurs, et partageons ce que nous avons dignement gagné à la sueur de notre front, fruit du travail que nous avons accompli pour notre honneur et pour le développement de notre pays. Par ailleurs un pays ne peut être développé que par ses fils et ses filles, ce ne sont pas les étrangers qui viendront le développer. Mais nous devons tous nous sentir solidaires, car aucun pays au monde ne se suffit.
8. Cette fête, nous la célébrons également au moment où le monde, en particulier les pays de la Communauté Européenne, au lieu de continuer à nous appuyer dans la réalisation des projets que nous avions convenu de réaliser ensemble, ont opté pour nous laisser seul pour sombrer. Mais nous n’en mourrons pas, nous vivrons, l’important est de retrousser les manches, de changer de mentalité, d’augmenter la production, de bien la surveiller pour le bien de tous.
9. C’est pour cette raison que nous remercions vivement la population burundaise, les employés et les employeurs, qui sont restés au travail et qui ne s’en lassent pas, faisant que nous puissions compter sur nos propres efforts au lieu d’attendre des secours de l’extérieur, et les Barundi avaient d’ailleurs dit : « akimuhana kaza imvura ihise » (L’assistance attendue du voisin arrive toujours après la pluie !).
10. Mais alors il faut bien nous comprendre, nous ne refusons pas l’appui de ceux qui voudraient nous prêter main forte dans la réalisation de nos projets, seulement nous souhaitons des partenaires qui nous appuient suivant nos conventions, sans mépris ni dénigrement.
11. Même s’il y a encore quelques problèmes relatifs à l’économie, vous remarquez que le Gouvernement ne ménage rien pour que les salaires soient régulièrement versés aux fonctionnaires mois par mois, et à temps.
12. Nous avons un grand espoir, car les responsables de l’Office Burundais des Recettes (OBR) viennent d’annoncer qu’au courant de ce mois d’Avril ils ont collecté 51 milliards alors qu’on attendait quarante-six milliards et deux cent millions (46,2).
Employeurs, Employés,
13. La question de l’harmonisation des salaires a pris un temps considérable, et vous savez vous-mêmes que ce n’est pas une affaire facile. Le Gouvernement n’a pas fait de fausses promesses,
puisqu’il a déjà commencé à mettre en application ce programme.
Et cela mérite qu’on s’en félicite, et nous devrions aussi féliciter les employés et les employeurs qui ont contribué en exprimant leurs points de vue pour arriver à cette étape.
14. En ce qui concerne la sécurité sociale de la population, le Gouvernement continue à encourager des privés qui ouvrent des entreprises en leur octroyant des facilités. Il continue également à développer la solidarité mutuelle et la sécurité sociale de la population. Le Gouvernement souhaite étendre ce programme jusqu’au niveau de la Commune.
15. Dans le domaine de la multiplication de l’emploi et la lutte contre le chômage, le Gouvernement a adopté la Politique Nationale de Réforme et de Multiplication de l’Emploi au Burundi, afin que les problèmes de chômage et de pauvreté trouvent progressivement des réponses adaptées. C’est pourquoi, dans l’optique de mettre en application ce programme, le Gouvernement a mis sur pied l’Office Burundais de l’Emploi et de la Main d’œuvre (OBEM).
16. Nous demandons alors à tous ceux qui cherchent un emploi, particulièrement les jeunes, de s’adresser à cet Office qui n’a d’autre mission que l’écoute, l’orientation et la multiplication des projets qui fournissent de l’emploi à la jeunesse.
Burundaises, Burundais,
Employeurs et Employés
17. Tous les jours, et surtout à la célébration de la journée internationale du travail, Nous ne cessons de rappeler à la jeunesse de changer de mentalité, de rompre avec l’habitude d’attendre l’emploi pour tous du seul Gouvernement. Il faut définitivement y renoncer, car cette pratique ne reste plus que dans très peu de pays au monde.
18. Bientôt, nous voulons que les projets de création des emplois et de lutte contre la pauvreté soient une préoccupation particulière à tous les grands programmes préparés dans tous les secteurs de la vie nationale, afin que tout le monde contribue réellement à la réussite de la politique nationale de multiplication de l’emploi et de lutte contre la pauvreté.
19. En ce qui concerne l’augmentation de la production et le développement du sens de l’amour du travail, en nous référant à la retraite gouvernementale qui s’est tenue dans la Province de Gitega, les mesures suivantes ont été prises :
Primo : Pour les Chefs de services, à commencer par les Ministres, il est demandé ce qui suit :
§ Etre constamment près de leurs employés, et prêcher par la pratique, par exemple en se présentant les premiers au service, avant les autres ;
§ Tenir souvent des réunions de service ;
§ Effectuer des visites de service dans différents départements, écouter et donner des conseils ainsi que des orientations pour l’amélioration des situations
de service ;
§ Suivre de près les employés qui ont diminué d’ardeur au travail, ou qui perçoivent des salaires alors qu’ils ont déserté, afin qu’ils soient remplacés par
des gens qui veulent travailler. Payer quelqu’un qui ne travaille pas ou quelqu’un qui ne se présente plus au service est un détournement et un vol du denier public très grave.
Nous demandons que soit établi rapidement la liste de ceux qui avaient abandonné leurs postes suite aux difficultés que vient de traverser le pays, et la liste de ceux qui sont revenus au service.
Nous accordons seulement un mois pour que des mesures soient prises conformément à la Loi, à l’endroit de quiconque n’aura pas repris le service après ce délai.
Cela permettra au Ministère concerné de savoir l’effectif définitif à considérer pour calculer les salaires et autres avantages.
Secundo : En faveur de la population, les Ministres sont priés de :
§ Continuer à visiter les Provinces sous leur parrainage, afin de trouver les citoyens sur terrain, se rendre compte de leurs difficultés, les écouter et leur
prodiguer des conseils ; pour les questions qui ne trouvent pas de réponses à leur niveau, en informer les échelons supérieurs.
§ Compte tenu du fait que la population se lance remarquablement dans le commerce et en est friand, il est demandé que les jours de marché par semaine soient
augmentés, afin que les produits agricoles qui périssent vite soient écoulés à temps, et que ceux qui les produisent ne se découragent pas.
§ Continuer à sensibiliser la population pour qu’elle conserve sa production les moments où le ciel a été clément, et à ne pas écouler sur les marchés toute
la récolte à un vil prix, et regretter trop tard lorsque l’on devra acheter les semences à des prix excessifs.
§ Encourager les citoyens les plus créatifs en projets de développement en leur trouvant des opportunités de formation en matière de conception, suivi et
évaluation de leurs propres projets.
§ Encourager la population à vivre dans les villages en inaugurant ceux dont la construction a été achevée. Le Gouvernement continuera à appuyer les citoyens
en leur octroyant des marchés, de l’eau et d’autres facilités publiques utiles à ceux qui vivent ensemble.
§ Vivre en agglomérations facilite aussi l’encadrement des jeunes, surtout les formations professionnelles susceptibles d’aider ces jeunes à se prendre en
charge, voire de créer des emplois eux-mêmes sans devoir tendre les bras au Gouvernement qui n’a plus beaucoup de moyens, aujourd’hui que la crise économique mondiale frappe tous les pays, le Burundi
non excepté.
§ C’est pour cette raison que l’École Fondamentale revêt une importance capitale. Elle accueille beaucoup d’élèves, la formation qui y est dispensée est
adaptée à notre temps, et les élèves la terminent en âge requis pour pouvoir initier ou planifier des projets créateurs d’emplois. Ils ont des connaissances suffisantes, font ce qu’ils savent, et ils
se présentent nombreux au travail.
Tertio : A propos des finances publiques.
Un autre fait qui mérite d’être changé, et qui le sera sans tarder, c’est l’attitude des Conseils d’Administration dans des entreprises où le Gouvernement est actionnaire. On trouve que les
administrateurs, au lieu de représenter et de protéger les intérêts de l’État, ce sont eux qui viennent en tête pour mettre en faillite ces sociétés. Ou bien ils se mettent d’accord avec les PDG pour
se fixer des salaires et des jetons de présences exagérés, ou bien ils dépensent les avoirs de l’entreprises dans de multiples missions à l’étranger dont les avantages pour l’entreprise sont nuls, et
bien d’autres malversations. Des mesures appropriées vont être prises, afin que ce désordre cesse.
Il est un autre point important qui a été souligné au cours de la précédente Retraite Gouvernementale, c’est l’évasion fiscale. Certaines personnes physiques ou morales, abusant des avantages offerts
par le Gouvernement tels que consignés dans certaines dispositions du Code des Investissements, promettent de construire des industries, des hôtels, des places touristiques, etc. bref, des projets
qui permettent le développement économique et la création d’emplois en faveur de la population mais, après quelques temps, les matériaux et les marchandises qui ont été exonérés lors de leur entrée
au pays, on les trouve sur le marché, ayant été détournés de leur objectif initial.
A part que le trésor public enregistre des pertes énormes dans ce genre d’opérations, il s’agit là d’une malhonnêteté contre les opérateurs économiques qui ont payés des impôts et des taxes pour les
mêmes produits ; notons également qu’il y a un gaspillage des devises que le pays sort alors que l’on aurait pu affecter ces fonds aux projets de développement.
Nous pourrions vous dire ici que le Gouvernement a pris des mesures pour contrer cette pratique, et qu’elle disparaisse à jamais. Le rapport que vient de rendre public ces derniers jours l’Agence pour la Promotion des Investissements (API) dénonce 79 Organisations qui ont détourné ces avantages. Les responsables devront rembourser à la caisse de l’Etat un montant de plus de 81 milliards de nos francs.
Burundaises, Burundais,
Employeurs et Employés,
20. Nous célébrons cette Journée Internationale du Travail au moment où des réfugiés burundais rentrent en grand nombre dans le pays. Les statistiques nous disent : Makamba, 30.000 ; Rumonge, 2.870 ; Kirundo, 2.000 ; Muyinga, 1.150 ; Ruyigi, 620 ; Cankuzo, 158 ; d’autres continuent à arriver.
Nous lançons encore une fois un appel à ceux qui ne sont pas encore convaincus pour qu’ils reviennent, qu’ils travaillent pour leur mère patrie, car le pays d’exil ne sera jamais plus beau que le pays natal.
Qu’ils suivent le bon exemple de leurs frères et sœurs qui sont rentrés au pays, et qui sont avec nous en cet instant pour célébrer la Journée Internationale du Travail, dans la paix et la sécurité, partageant les joies et les peines avec ceux qui sont restés au pays.
21. Jusqu’à ce jour, les fonctionnaires qui avaient fui le pays et qui sont retournés à leurs postes de travail sont au nombre de 250, et les dossiers d’autres rapatriés sont en cours de préparation dans les différents secteurs où ils travaillaient.
22. Nous voudrions informer les réfugiés, partout où ils se trouvent, que la sécurité règne dans tout le pays et qu’elle s’améliore de jour en jour, car certains de ceux qui la perturbaient se sont rendus de leur propre gré et que d’autres continuent à le faire.
Burundaises, Burundais,
Employeurs et Employés,
23. Dans le cadre des activités politiques en cours, Nous vous invitons à donner votre contribution en exprimant vos idées et désidérata par les canaux de la Commission Nationale de Dialogue Inter-Burundais et de la Commission Vérité et Réconciliation, comme nous le rappelle le thème central de l’année : « METTONS EN AVANT LE BIEN DE NOTRE PAYS, PARTICIPONS TOUS A UN DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF ! »
24. Avant de conclure, Nous voudrions porter à votre connaissance que, dans le but de mieux organiser les travaux communautaires, chaque dernier samedi du mois sera consacré aux travaux communautaires d’assainissement et de propreté. Nous allons aménager des compostières, construire des latrines dans les ménages, tout au long des routes, autour des marchés, et partout ailleurs où se retrouvent beaucoup de personnes ; Nous allons construire des étagères. La propreté sera bien contrôlée partout, et des sanctions seront prises à l’endroit de ceux qui s’opposeront à ce programme de la propreté. Ceux qui n’en seront pas capables vont être épaulés pendant les travaux communautaires.
25. En terminant, Nous voudrions remercier les travailleurs qui se sont sacrifiés, soit pour augmenter la production, soit pour surveiller la récolte afin qu’elle ne soit pas dilapidée. Nous remercions tous ceux qui ont contribué à mettre en application les politiques nationales en cours, la politique nationale de sécurité, le cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté, ainsi que la politique nationale de lutte contre la corruption et les délits connexes.
26. Nous félicitons les Burundais qui ne cessent de faire honneur au pays à l’extérieur, que ce soit ceux qui sont dans des missions de maintien de la paix dans d’autres pays, que ce soit ceux qui représentent le pays dans des compétitions sportives internationales qui décrochent les meilleures places et rentrent avec beaucoup de médailles, ou alors les étudiants qui se classent premiers dans des Universités étrangères.
27. Nous remercions aussi les employés, car ils ont été caractérisés par le souci du travail bien fait, même pendant les moments d’insurrection. Ils ont travaillé en se conformant au code du
travail, ils sont allés voter lors des élections et ont soutenu les Institutions qui en sont issues.
Nous vous disons merci, car la paix et la sécurité que nous vivons aujourd’hui, nous les devons en grande partie à votre inlassable dévouement.
28. Nous remercions tous ceux qui ont contribué à faire comprendre à la Communauté Internationale la nature du problème burundais, car ils ont aussi joué un rôle important dans l’unité, la paix et la sécurité dont jouit notre pays aujourd’hui. Nous citons ici l’Organisation des Nations Unies, l’Union Africaine, la Communauté Est-Africaine, les Médiateurs au conflit burundais, etc.
29. Nous voudrions alors lancer encore une fois un appel à tous les travailleurs pour que tout le monde redouble d’ardeur au service. Augmentons la production afin que l’année prochaine, à la même date, nous puissions partager l’excédant, et que même nous ayons à distribuer aux étrangers.
30. Bonne fête de la Journée Internationale du Travail à vous tous. Partagez vos joies, partagez un verre, essuyez de vos fronts en clamant votre fierté à être appelés travailleurs, un honneur ineffable dont Dieu nous a gratifié. « Unissons-nous, formons un bloc imperturbable pour le développement de notre pays »
JE VOUS MERCIE,
QUE DIEU VOUS BÉNISSE.